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MA TUNISIE

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Je suis arrivé en Tunisie vers la fin septembre 1963
en tant qu'instituteur
dans le cadre de la coopération franco-tunisienne.
Mon premier poste se trouvait a
l'ecole primaire de garçons de menzel bou zelfa.
J'y suis resté DU 1° octobre 1963 au 30 septembre 1966.
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La première année j'ai d'abord logé dans une maison
qui avait du appartenir à des européens
étant donnée sa configuration à étage.
Le rez de chaussée était occupé
par une famille tunisienne.
De l'extérieur il fallait monter une quinzaine de marches
pour arriver à l'étage ou se situaient 2 chambres.
Je louais une chambre située
juste en face des escalierset et ou je vivais seul.
et les deux autres instituteurs
se partagaient l'autre chambre.
l'année suivante nous avons loué une maison
dont l'architecture et la disposition
étaient typiquement arabes.
La maison était ceinte d'un mur assez haut
et l'entrée comportait une espèce de couloir
ou se trouvait la porte des cabinets
à la turque et sans chasse d'eau.
On accédait ensuite à une grande cour
au milieu de laquelle se trouvait un puits.
A droite en entrant il y avait la cuisine
cagibis long, étroit et sombre.
et donnant sur la cour s'ouvraient
deux chambres de surfaces inégales.
J'ai occupé la plus petite et
les trois autres collègues tunisiens
se partageaient l'autre.
Mon lit était un lit de camp en métal
dont le sommier était un treillis
de ressorts également en métal.
Une "armoire" faite d'un bâti en tubes
et recouverte d'une toile plastifiée.
Une table sans tiroir ou je travaillais
et ou je posais aussi
une bassine pour la toilette.
Et l'eau tirée du puits.
Et froide en hiver.
C'était sur un "premius" qu'une tunisienne
nous faisait la cuisine.
Ce premius fonctionnait
avec du pétrole sous pression.
Cuisine complètement tunisienne.
Au début j'ai beaucoup souffert de cette cuisine.
J'ai du demander à ne pas trop pimenter
les râgouts et les autres plats.
Cette femme faisait aussi le ménage.
Pendant trois ans vie spartiate.
Ce n'est que la deuxième année
que j'ai possédé une voiture.
ce qui m'a soulagé des trajets en louage.
Parcours entre Menzel et Tunis et inversement
en 403 break de 5 places
avec 7 et parfois 8 passagers.
Je bénéficiais d'un avantage en montant à l'avant.
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A Menzel j'enseignais le français
à des enfants de 5°
c'est à dire l'équivalent d'un CM1.
J'enseignais aussi
les sciences naturelles et le calcul.
Le premier jour d'école de la première année
un instituteur tunisien m'a dit :
"Tu dois avoir un gros bâton sur ton bureau
sinon ils ne t'obéiront pas !
Si tu veux tu peux me les envoyer"
C'est vari que la discipline n'était pas
une chose innée chez eux.
Pour parer aux problèmes
j'ai averti que je n'hésiterai pas
à envoyer les récalcitrants
chez cet instituteur.
Je l'ai fait.
Et en effet c'est à coups de bâton
que les enfants étaient punis
et revenaient pleurant dans ma classe.
Ils étaient longs avant de désobéir à nouveau.
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Je crois que c'est à la rentrée 64
que le président Bourguiba
a fait un grand discours ayant trait à l'indépendance.
Tout le monde, enfants, adultes,
devaient se tenir au garde à vous
pour écouter attentivement.
Dans une autre école du Cap Bon
au même moment,
un collègue a demandé ce que le président
disait dans son discours.
On lui a répondu qu'il parlait de la Marine Tunisienne.
Ce collègue français a répondu :
"pour un dragueur de mines abandonné par les français !"
Le lendemain il était convoqué
au Ministère de l'education
et expulsé trois jours plus tard.
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Je me suis marié le 21 avril 1966.
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J'avais obtenu ma mutation à Tunis
à compter du 1° octobre suivant
à l'Ecole de la rue Bou Khris.
C'était une école privée nationalisée
mais dont le patron était resté le directeur.
Petite école de 4 classes
disposées autour d'une cour intérieure.
Un patio à colonnades se trouvait à l'entrée.
Les murs de la cour et des classes étaient
recouverts de carrelages à dessins géométriques.
En fait c'était une maison arabe
transformée en école.
Là aussi j'ai enseigné aux éléèves de 5°.
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Lorsqu'il y avait une manifestation officielle,
c'est à dire une passage du président en ville
tous les élèves étaient dehors
et on leur distribuait un petit drapeau tunisien
qu'on les entrainait à agiter au bon moment
en criant des slogans à la gloire de Bourguiba.
J'étais aussi mobilisé et chargé
de faire respecter les consignes.
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J'ai enseigné là jusqu'au 30 juin 1969
mon contrat n'ayant pas été renouvelé.
C'était la "tunisification" de l'enseignement. 
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